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  • Entretien avec le Consul Général Benjamin Nana : ‘’ Nous partons d’Abidjan satisfait du devoir accompli ’’
    Depuis le samedi 30 septembre 2023 en début d’après-midi, Benjamin Nana est à Ouagadougou, après avoir servi avec abnégation et magnanimité, quatre années durant, ses compatriotes en Côte d’Ivoire en qualité de Consul Général à Abidjan. A la veille de son départ, le Diplomate s’est ouvert à votre média préféré Diaspo24.info et à Hakiiqa. Il cite les innovations qu’il a pu instaurer au cours de son magistère, et salue le dévouement de ses collaborateurs, mais aussi le dialogue avec la communauté burkinabè qui a toujours prévalu, toute chose qui explique le succès de sa mission.
    En prenant fonction il y’a un peu plus de 4 ans, en qualité de Consul Général du Burkina Faso à Abidjan, vous aviez décliné votre vision et indiqué à vos compatriotes, comment vous comptiez vous y prendre pour accomplir au mieux votre mission, avec efficacité. Au moment où vous quittez vos fonctions pour le Faso, avez-vous le sentiment d’avoir fait ce que vous devriez faire ?
    Nous n’avons pas la prétention d’avoir réussi à 100% notre mission, mais nous pensons que sur le volet protection consulaire, nous avons pu au mieux, à travers les missions consulaires, toucher le plus grand nombre de Burkinabè de notre circonscription. Plus concrètement, nous avons pu parcourir les 9 régions que compte la circonscription du Consulat général d’Abidjan. La dernière mission s’est déroulée au mois d’aout 2023 dans le Moronou, où nous avons pu séjourner à Bongouanou, à Arrah et à M’Batto. Au niveau du District autonome d’Abidjan, nous avons pu entamer une mission consulaire, qui a été une innovation. C’est la commune de Port-Bouet qui a été retenue. A cette occasion, il nous a été donné de rendre des visites de courtoisie aux autorités ivoiriennes, notamment au Commandant supérieur de la Gendarmerie, au Préfet de police, au Directeur Général de la Police nationale. Tous ces échanges ont été fructueux, le carnet d’adresses a été étoffé, avec la promesse d’être à l’écoute de la communauté burkinabè.
    Vous l’avez dit, vous avez pu allier diligences de Bureau et visites de terrain ou tournées de proximité. Quelles leçons tirez-vous desdites tournées, justement ?
    A travers les missions consulaires, a priori c’était la proximité, c’était de porter les informations sur la nécessité d’avoir les documents d’état civil, les documents d’identité, les documents de voyage, mais également de donner des nouvelles de notre chère patrie, faire en sorte que ceux qui sont loin de la mère patrie puissent savoir qu’il y’a des opportunités, les inciter à investir au Faso. A chaque fois, nous avons pu trouver les mots pour apaiser les cœurs, donner le sourire. De façon concrète, le contexte, à notre arrivée, était que beaucoup de gens se retrouvaient au Consulat pour se plaindre du retard mis pour obtenir la carte consulaire. A ce moment, il y’avait des retards de 45 jours voire de 2 mois. De nos jours, le requérant qui s’enrôle peut avoir en 1 semaine sa carte consulaire ; ce qui est réellement une avancée mais ça a été une longue lutte. Parce que nous avons mis en place un Cadre de Concertation entre le Consulat général, la Coordination des Délégués CSBE et Délégués Consulaires et les responsables désignés de SNEDAI. Au fur et à mesure qu’il y’avait des difficultés, nous avons essayé de privilégier le dialogue. Lorsque nous effectuions les visites consulaires, ces questions étaient très préoccupantes, mais de nos jours elles ne sont plus évoquées. Une autre préoccupation, c’était je ne dirai pas les tracasseries, mais les contrôles d’identité, où étaient exigés des certificats de résidence aux détenteurs de cartes consulaires. De nos jours, on assiste de moins en moins à ce fait. Ce qui est une autre avancée, puisque à force d’aller vers les autorités compétentes, nous sommes parvenus à nous faire comprendre, pour que nos interlocuteurs puissent comprendre que nos cartes consulaires sont des cartes biométriques sécurisées.
    En quatre années et demi, vous avez ouvert beaucoup de chantiers. Quel est le chantier dont vous êtes fier ? A contrario, qu’est-ce que vous ne feriez plus, si c’était à recommencer ?
    Comme satisfaction, il y’a eu beaucoup de points puisqu’il y’a eu tellement d’innovations. Mais je citerais en premier lieu cette Journée de solidarité et de partage en faveur des veuves et nécessiteux. Rien qu’au niveau du Consulat, nous avons pu répertorier plus de 600 veuves affiliées à la CNPS de Côte d’Ivoire. A travers ces journées, nous avons pu faire savoir que ces personnes sont avant tout des Burkinabè et faire en sorte qu’elles se sentent réconfortées par notre solidarité. Ce que nous leur donnons ce jour-là, ce n’est pas grand-chose, mais c’est cet attachement, le fait de leur faire savoir que leurs autorités pensent à elles, était pour nous une nécessité. A la première édition, nous avons eu une centaine de veuves, à la deuxième édition près de 300 et c’est aller jusqu’à 400 bénéficiaires.
    Et quelle est votre insatisfaction ?
    J’avoue n’en avoir pas eu en tant que tel. Nous avions à l’idée la formation du personnel et celle des délégués. Pour ce qui concerne le personnel, vous savez que c’est une question de budgétisation. Mais pour les délégués, comme nous avions des réunions mensuelles, ce sont des cadres de rencontres et d’échanges qui tiennent lieu de formation, et nous avons le guide du délégué. Dans l’ensemble, je note beaucoup plus de satisfactions que d’insatisfactions.
    Monsieur le Consul Général. Nous allons vous y aider. Vous êtes un haut Cadre de l’administration burkinabè, laquelle est très respectueuse de l’heure et de la ponctualité. Est-ce que les retards mis par vos compatriotes pour commencer des activités auxquelles vous devriez participer ne vous ont pas importuné ?
    Effectivement, c’est arrivé à plusieurs reprises. Mais en ce qui concerne mes collaborateurs, je dois dire que ce sont des gens aguerris, qui descendent souvent à des heures tardives. Vous savez que les deux jours fériés, mes collègues sont venus travailler dans le cadre des missions consulaires chargées d’établir les documents d’identité et les documents de voyage. Pour les activités externes, une fois, je devais assister à une cérémonie, une nuit culturelle. A l’heure indiquée, j’étais sur le site de la cérémonie et là, même les organisateurs n’étaient pas sur les lieux. Sinon en termes de ponctualité, nous avons fait ce que nous pouvons, nous avons été à des activités des artistes où aux 72h du Burkina jusqu’à 3 heures du matin. C’est aussi cela le rôle d’un Consulat général. C’est de protéger les Burkinabè vivants dans la circonscription ; ou bien pour tout burkinabè de passage, nous sommes dans l’obligation de leur accorder protection.
    A votre arrivée, on vous a certainement parlé d’une communauté burkinabè indomptable. Quand on revoit le film de la cérémonie en votre hommage pour la fin de votre mission le samedi 23 septembre 2023, on observe que cette communauté n’est plus si indomptable que cela. Quel a été votre secret, l’effet Benjamin Nana, pour rassembler autant de compatriotes ou de chefs qui ne se disaient pas jadis bonjour ?
    Je crois qu’à l’origine, c’est cette parfaite cohésion entre l’Ambassade et les Consulat généraux, parce que lorsque nous nous mettons d’accord sur l’essentiel, nous parvenons à des résultats probants. Et nous disons chaque fois qu’il faut privilégier le dialogue. Il faut respecter l’usager qui vient ou qui part d’ici. Dès notre portail, vous verrez que le vigile qui tutoyait les gens, les vouvoie aujourd’hui. Il a changé de comportement. Tout cela compte. Trouver le langage, le mot qu’il faut à adresser à l’usager. Vous avez dû remarquer que nos collaborateurs et nous, n’avons pas de pause. Si on a pu gagner 30 mn pour nous-mêmes, c’est un maximum. Vous voyez qu’au lieu d’une centaine de requérants, nous recevons de nos jours entre 200 à 300 requérants de cartes consulaires qu’il faut satisfaire au quotidien. Lors de l’opération qui est actuellement en cours, mes collaborateurs vont parfois jusqu’à 22h. Pour cela, je leur tire mon chapeau.
    Un aspect que nous avons retenu de vos déplacements à l’intérieur, c’est la visite aux détenus y compris à ceux de nationalités autres que burkinabè. Lors de ces visites, quel message ils vous transmettaient et quel message vous leur portiez ?
    Je dois rendre hommage aux autorités judiciaires et aux autorités de l’administration pénitentiaire, parce que à chaque fois que nous sommes allés en mission consulaire ou bien programmé des visites aux détenus, ces autorités nous ont facilité la tâche. La dernière visite en date, c’était à Bongouanou, c’était émouvant. Nous avons rencontré les détenus burkinabè et échangé avec eux. Le régisseur de la Maison d’Arrêt, nous a demandé si nous voulions échanger avec les détenus d’autres nationalités et c’est ce que nous avons accepté. Lorsque nous y sommes arrivés, ils étaient rassemblés en grands nombres. Nous leur avons demandé de voir, à travers nous, le représentant de leurs pays respectifs et nous leur avons demandé de bien se comporter en milieu carcéral et de savoir que les Ambassades et Consulats de chaque pays sont à leur disposition. A leur sortie, on les accompagnera pour avoir leurs documents. Ce qui est intéressant, du fait de ces visites, nous sommes parvenus, en faisant les recoupements, à donner les informations à certains parents de détenus qui n’étaient pas encore jugés, et dont les parents ne savaient même pas où est leur fils détenu. Ces familles peuvent maintenant faire le suivi et leur rendre visite. Nous avons aussi commandité des missions consulaires au cours desquelles le Conseiller juridique est allé à la rencontre des procureurs et présidents de tribunal pour des cas spécifiques de burkinabè incarcérés.
    Quel est le message particulier que vous transmettez à vos compatriotes au moment de les quitter ?
    C’est dire un grand merci à la communauté burkinabè. Cette communauté qui s’est mobilisée le samedi dernier (samedi 23 septembre 2023, NDLR). Ce que nous avons vécu ce jour, de ma carrière de diplomate, ça a été une journée mémorable. Voir les Burkinabè venir de la circonscription consulaire d’Abidjan et même d’au-delà, c’est-à-dire Yamoussoukro, Diégonéfla, Soubré San Pedro. A travers nous, c’est la mission diplomatique qui a été honorée. Nous avons noté la présence de l’ambassadeur de la Russie, l’Ambassadeur de la Paix des Nations Unies, les Consuls généraux et honoraires des pays d’Afrique, la Reine Mère de la CEDEAO des Peuples et des communautés d’Afrique qui elle-même est une personnalité morale très respectée en Côte d’Ivoire. Au-delà de notre personne c’est tout le Burkina Faso qui a été honoré. En résumé, c’est une quarantaine de distinctions reçues ici au niveau du Consulat général, qui viennent de structures privées, de personnes physiques et morales tant au niveau de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso qu’à l’international, à Casablanca. Merci pour tout cela. Ça me fait honneur et ça fait honneur au pays.
    Où se poursuit votre mission, précisément dans quel service à Ouagadougou ? et Votre départ d’Abidjan vous inspire-t-il d’écrire vos mémoires ?
    Nous allons servir au Ministère. C’est la Centrale, au Ministère des Affaires Etrangères. Oui après cette riche expérience, je crois que nous allons, pour la postérité, faire œuvre utile afin que les jeunes frères qui embrassent la carrière diplomatique puissent également profiter de notre expérience de praticien de la diplomatie sur le terrain. Nous avons eu cette chance de faire le bilatéral et puis de gérer les questions consulaires de façon spécifique. J’ai eu des collaborateurs très disponibles et ça a joué dans la réussite de notre mission. Nous n’avions pas de jours rigides d’audiences. Il est arrivé des week-ends où nous sommes venus au Bureau recevoir des gens parce que leur agenda ne leur permettait de venir à nous les jours ouvrables. Il faut mentionner le fait de pouvoir nous saisir 24h sur 24 et 7 jours sur 7 à travers un numéro de téléphone mobile mis à la disposition de la communauté. Tout ceci a été des innovations, comme la journée de don de sang, des journées de dépistage de tensions, du diabète avec le soutien de l’amicale des étudiants médecins burkinabè. Nous partons d’Abidjan satisfait du devoir accompli. C’est le lieu de rendre hommage aux plus hautes autorités du Burkina Faso pour la confiance placée en nous. Partout où nous serons, nous resterons toujours mobilisés pour apporter notre soutien à la communauté burkinabè dans son ensemble.
    Entretien réalisé par Diaspo24.info et Hakiiqa, le vendredi 29 septembre 2023
     Benjamin Nana, est rentré au Faso après avoir passé 4 ans et demi comme Consul Général à Abidjan
     Le Consul Général à droite face aux Reporters Badini (en bleu) et votre serviteur
     Le Consul Général Benjamin et le Consul Adjoint Ousseini Ouédraogo (en blanc)
  • Entretien avec Wahab Sawadogo, Président démissionnaire de l’ABEGECI : • ‘’ Je prépare un MBA à New York ‘’
    • ‘’ Au Burkina Faso, nous ne voulons pas d’une guerre de communication, mais des résultats’’

     

    Président démissionnaire de l’Association Burkinabè des Etudiants et Elèves des Grandes Ecoles et Universités en Côte d’Ivoire (ABEGECI), prépare un MBA en gestion de projets Abdoul Wahab Sawadogo, est depuis le 27 mars aux Etats-Unis d’Amérique où il prépare un MBA. Diaspo24.info l’a contacté en exclusivité. Pour vous, il dresse le bilan de son mandat à la tête de l’AGEBECI, parle aux opérateurs économiques de la Diaspora auxquels il confie ses camarades étudiants en fin d’études et se prononce sur la gestion de la crise sécuritaire et humanitaire au Burkina Faso.

     

    Bonjour Président ! Les lecteurs voudraient une sommaire présentation de votre personne. Que leur répondez-vous ?

     

    Je suis Wahabo Sawadogo. Je suis né à Oumé. J’y ai fait les études primaires et secondaires. J’ai obtenu le Baccalauréat en 2016 au Lycée moderne de Oumé, après quoi j’ai intégré l’Université Félix Houphouet-Boigny de Cocody. Je suis titulaire d’une Maitrise en Comptabilité et Contrôle de Gestion.

     

    A New York, quelles études amorces-tu actuellement ?

     

    J’ai une admission dans une université aux États-Unis où je vais faire un MBA en gestion de projet. Mais avant d’amorcer l’étude universitaire, je dois une étude de langue de 6 mois.

     

    Combien d’années prendra cette préparation au MBA ?

     

    Les études me prendront 3 ans minimum ; les trois ans comprennent bien entendu les études et le stage.

     

    Dis-nous ! Comment s’est faite ton intégration à New York ?

     

    Elle s’est bien passée par la grâce de Dieu avec un entourage qui m’a accueilli à bras ouverts

     

    Quelle est ton ambition en boostant encore plus loin les études ?

     

    Mon objectif c’est d’avoir le maximum de connaissances afin de pouvoir servir mon pays un jour. J’ai beaucoup d’amour pour l’Afrique. Je crois que pour un avenir meilleur de notre continent, il faut aller apprendre chez ceux qui sont plus développés que nous et surtout revenir.

     

    Pendant combien de temps as-tu été Président de l’ABEGECI ?

    J’ai géré l’Association Burkinabè des Elèves et Etudiants des Universités et Grandes Ecoles en Côte d’Ivoire (ABEGECI) pendant 3 ans

     

    Quel bilan ton mandat a pu glaner au-devant de l’ABEGECI ?

     

    Un bilan à l’appréciation de ceux qu’on a pu apporter à nos camarades mais je pense positif. J’ai géré l’Association Burkinabè des Elèves et Etudiants des Universités et Grandes Ecoles en Côte d’Ivoire (ABEGECI) pendant 3 ans. On a apporté notre pierre à l’édifice avec une équipe dynamique au tour de moi qui m’a beaucoup accompagné dans ma mission. Avec les conseils des membres du Haut Conseil de la structure et de tous les leaders de la communauté, on a pu planifier des stratégies qui ont permis d’apporter assistance aux camarades Lycéens et Universitaires. Et aujourd’hui l’ABEGECI est beaucoup connue dans les différentes régions de la Côte d’Ivoire.

    Votre démission à la tête de l’AGEBECI a été actée. Alors, qui assure aujourd’hui la responsabilité de cette Association ?

    L’Intérim est assuré par le camarade Boly Aboubacar. Il a à charge de terminer mon mandat qui prend fin en août 2023.

     

    Quel regard jetez-vous sur la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire ? Accorde-t-elle place à ses jeunes étudiants diplômés et formés ?

    C’est une diaspora qui est très riche remplie de beaucoup de leader et d’opérations économiques. Les différents leaders ont beaucoup d’amour et de considération pour les étudiants aussi pour les opérations économiques. Mais j’invite plus les opérations économiques de tourner le regard vers la structure car il y’a des jeunes diplômés bien formé qui pour certains ont besoins de stage pour se perfectionner et d’autres du travail car ils ont déjà de l’expérience.

     

    Quelle appréciation fais-tu de la lutte contre le terrorisme au Faso ? Le Capitaine IB est-il sur la bonne voie ?

    La situation dans laquelle notre le Burkina Faso, notre très chère patrie est aujourd’hui nous écœure. Les nouvelles autorités nous ont promis une amélioration et le retour à la vie normale. Nous constatons qu’ils font énormément d’effort et c’est à saluer. Mais le résultat escompté n’est pas encore atteint, il faut encore travailler pour que nos populations retournent dans les lieux d’habitation. C’est ce qui a été promis et c’est ce qu’on attend.

    Ce qui concerne la voie utilisée par les dirigeants, c’est eux qui sont aux affaires et s’ils sont là, c’est qu’ils se sentent capables de gérer avec de bonnes stratégies. Mais je pense qu’il faut plus travailler sur la sensibilisation de nos peuples à ne pas tomber dans le dogmatisme de ceux qui les enrôlent dans cette barbarie. Car il y’a des zones où nous entendons qu’une centaine d’ennemis ont été neutralisés. Curieusement dans la même zone, on dénombre quelques jours après qu’il y’a plus de 1000 ennemis qui existent. Nous ne voulons pas d’une guerre de communication mais des résultats tangibles. Nous voulons d’un retour à la norme qui permettra à nos populations de se réinstaller, de vivre dans la quiétude, car nous aurons mis tous les moyens à nos côtés pour vaincre, unis et solidaires, l’hydre terroriste.

     

    Diaspo24.info

  • SEM Mahamadou Zongo, Ambassadeur du Burkina Faso en Côte d’Ivoire en fin de mission : ‘’ Ce que je devais faire, je l’ai fait en respectant les lois du Burkina et de la Cote d’Ivoire ‘’
    • ‘’ Ce que je devais faire, je l’ai fait en respectant les lois du Burkina et de la Cote d’Ivoire ‘’
    • ‘’ J’ai le sentiment que le COEBCI traverse une phase de léthargie ‘’
    • ‘’ Je savais que les décisions allaient entrainer des grincements de dents ‘’
    • ‘’ En Côte d’Ivoire, il ne peut y avoir de chefs coutumiers burkinabè, mais des chefs de communautés ‘’

     

    Après avoir dirigé l’UFR des Sciences Humaines de l’Université Ouaga 1 Joseph Ki Zerbo et avoir été Conseiller du Premier Ministre Paul Kaba Thiéba, SEM. Mahamadou Zongo a été nommé en qualité d’Ambassadeur du Burkina Faso près la République de Côte d’Ivoire de juillet 2016 à novembre 2022. Avant de rejoindre Ouagadougou, il s’est prêté à nos questions. Le Maitre de Conférence en Sociologie a revisité son séjour et sa mission en Côte d’Ivoire, en relevant sa marque de fabrique avec l’instauration des Cadres de concertation ou la clarification des rôles entre délégués, chefs de communauté et leaders d’association, mais aussi quelques principes de gouvernance pour lesquelles il n’a pas transigé. Il lève un coin de voile sur ce à quoi il compte s’employer, avec son billet retour au Faso….

     

    En fin de mission en République de la Côte d’Ivoire où vous avez été nommé depuis 2016 par les autorités Burkinabè d’alors, quel bilan global pouvez-vous dresser de votre action ?

     

    Je dois dire que la nomination est individuelle, mais l’action est collective. Il faut toujours rappeler qu’un bilan c’est le point de vue de quelqu’un et ce point de vue est le point de vue d’un acteur qui est impliqué et qui est par conséquent frappé de subjectivité de sa personnalité.  Je le dirai de la manière dont je ressens. Il est évident que d’autres points de vue peuvent contribuer à enrichir à nuancer tout ce qui a été fait durant cette période-là.

    Quand je suis arrivé en 2016, c’était le TAC à Yamoussoukro. J’ai présenté mes lettres de créance le 21 juillet 2016 et dès le 26 juillet, j’étais à Yamoussoukro. Les experts étaient déjà là. L’Ambassade était chargée en fait de coordonner l’arrivée des différentes délégations. On a trouvé à Yamoussoukro une organisation parfaite. Mais, en réalité, le TAC est préparé à partir de Ouaga par la Direction Générale de la Coopération bilatérale qui prépare ces travaux. Donc le travail de l’Ambassade ici était un travail de coordination, mais le travail de fond était fait à Ouaga. Les TAC se sont déroulés normalement jusqu’en 2020. En 2021 en raison du Coronavirus ce rendez-vous a eu lieu, mais la rencontre au sommet n’a pas eu lieu. Et comme m’a dit le Président Alassane Ouattara lors de l’audience d’adieu qu’il m’a accordée récemment, des perspectives meilleures vont se dégager ultérieurement.

    Ensuite vient la Maison du Burkina. C’est une très longue histoire. Le terrain nous a été donné en 1994 par le Gouvernement ivoirien dans la commune du Plateau. En contrepartie, l’Etat du Burkina a offert à l’Etat de Côte d’Ivoire deux terrains à Koulouba à Ouagadougou. Dès 1995, il y’a eu des initiatives de financement qui ont abouti à la confection de coupons de 1500 et de 2000. Mais dès 1996 l’Ambassadeur Emile Ilboudo avait attiré l’attention des difficultés de placement et de recouvrement de l’argent des tickets notamment qui ont été placés auprès de la communauté. Ces tickets ont été conçus dans l’optique d’un actionnariat populaire de sorte que les Burkinabè de Côte d’Ivoire contribuent à la construction de la Maison du Burkina. Et comme il y’avait des difficultés l’idée d’imposer 1500 F à partir de la confection de la carte consulaire a été adoptée. Et nous avons évolué dans cette situation où il n’y avait pas d’orientation claire jusqu’en 2013. Je rappelle que l’Ambassadeur Emile Ilboudo a attiré plusieurs fois l’attention des autorités du Burkina Faso sur la nécessité d’envoyer une mission pour auditer la gestion des tickets de 1500 et de 2000. C’était en 2006 et en 2008. A partir de 2013, les autorités du Burkina ont pris attache avec Décotek. Une convention a été signée. Les travaux ont été lancés en mars 2014, arrêtés en mars 2015, par défaut de permis de construire. Ce défaut de permis de construire est lié au fait que la convention a été signée avec la société Décotek, mais ni l’architecte ni la structure de sécurité ni la structure chargée de représenter le Maitre d’ouvrage n’avait eu de contrat. Les textes n’autorisent pas à avoir un immeuble de plus de 9 étages au Plateau, sauf avec une dérogation. Les démarches qui ont été effectuées à mon arrivée ont abouti d’une part à ce qu’à Ouagadougou il y’ait une régularisation de ceux qui devaient agir au niveau de la Maison du Burkina et nous avons obtenu avec l’implication de beaucoup de personnes, le permis de construire en avril ou juillet 2018. Depuis lors, les travaux avancent mais il y’a toujours des réglages à faire. Aujourd’hui il y’a des avancées, l’immeuble en construction n’a rien à voir aujourd’hui avec son état de 2016.

    Il y’a eu aussi le problème du Mont Péko. Il avait été envisagé d’expulser et de rapatrier des burkinabè. Mais les échanges à travers le TAC et les Ministres des affaires étrangères ont permis que ce problème soit résolu de façon très acceptable, car il n’y a pas eu d’expulsion, mais le Parc du Mont Péko a été libéré.

    Autre dossier. Ce fut la Carte consulaire qui a été au centre de beaucoup de discussions, parce qu’il y’a ceux qui contestaient le contrat même avec Snedai, il y’a le problème de la validité. Mais avec les différents échanges on a d’abord fait accepter la Carte consulaire de façon définitive. J’ai pu voir, en venant, différentes correspondances de mon prédécesseur l’Ambassadeur Koutaba qui demandait aux responsables des différentes banques d’accepter la Carte consulaire car la carte est biométrique, sécurisée et inviolable. Le problème qui reste avec la carte, il y’a le problème du retard, mais ce sont des questions techniques qui peuvent être ajustées, car la convention dure 10 ans et les différentes discussions pourront mettre un terme à ça.

    L’autre problème de la carte consulaire, c’est qu’au moment de la conception on a voulu rendre service un système d’itinérance qui permette de faire les enrôlements là où habitent les populations aussi bien dans les communes qu’à l’intérieur du pays. Mais seulement il n’était pas prévu de mécanisme de prise en charge de cette itinérance. C’est les délégués consulaires qui accueillent les équipes. Il est évident qu’ils louent des locaux, des chaises, des bâches, ils utilisent de l’électricité. Donc, il y’a des surcoûts qui vont s’ajouter. Le problème qui va se poser c’est qu’à l’intérieur du pays, il y’a eu des discussions tantôt pour ajouter une somme pour les présidents de jeunes, de femmes…le grand souci c’est que cela se fait en dehors du contrôle des consulats. Je précise au passage que l’ambassade n’est impliquée nulle part dans la confection de la carte consulaire sauf au niveau de la coordination des actions des consulats. Ça fait jaser… Mais la situation a fait l’objet de rapport à la hiérarchie, et, à l’occasion des discussions qui vont être menées avec les autorités dans le cadre de la fin de la convention avec Snedai, ce seront des questions qui seront résolues.

    On peut parler du vote des Burkinabè de la Diaspora. C’était une première. Au début, il y’a eu beaucoup d’appréhension. Car tout le monde au Burkina Faso était convaincu que l’élection du Président du Faso allait se jouer en Côte d’Ivoire. Je me rappelle que lorsqu’à partir de 2018, j’ai expliqué aussi bien aux différentes délégations de la CENI qu’aux responsables des partis politiques qu’il n’y a pas d’enjeu électoral en Côte d’Ivoire, beaucoup n’ont pas cru. J’ai même dit que si par extraordinaire on arrivait à avoir 30 000 votants, Ce serait exceptionnel. Personne ne m’a cru puisque tout le monde tablait sur 1 million à 1,5 millions de votants. Au final, on s’est retrouvé avec 5963 enrôlés ; ce qui veut dire que la montagne a accouché, je ne dirai pas d’une souris, mais d’un bébé souris (rire).

     

    Qu’est-ce qui fondait justement votre réserve, quand le commun y voyait un gros enjeu ?

     

    Les données permettaient de savoir que beaucoup de personnes étaient nées en Côte d’Ivoire et les statistiques de l’époque montraient que 61% des Burkinabè en Côte d’Ivoire sont nés ici et qu’ils sont parfois nés de parents ou de grands parents eux-mêmes nés en Côte d’Ivoire ici. Donc il leur est difficile d’obtenir la CNIB et à plus forte raison se faire enrôler par la CENI. Le deuxième argument vient du fait que si on regarde l’occupation du gros de ces Burkinabè, ils sont des journaliers et dans des situations précaires. Il est difficile de dire à ces personnes de laisser leurs activités pour aller voter. Même quand vous posiez la question lors de l’enrôlement à beaucoup pourquoi ils ne venaient pas se faire enrôler, ils vous répondaient ‘’ si vous payez ma journée, alors je viens me faire enrôler’’.

     

    Une perception et une étude de sociologue ?

     

    Ah ouii (rires)…Et même en milieu rural, c’est pareil. Les gens vivent d’activités agricoles. Dès le matin, ils sont au champ et ne rentrent qu’au soir. Moi j’ai entrevu depuis que le vote n’était pas au centre des préoccupations de beaucoup de nos compatriotes et ceux qui étaient préoccupés n’arrivaient pas à obtenir les différents papiers car ils sont nés ici et de parents nés ici. Quand on a évoqué ces faits, beaucoup ont pensé que c’était une stratégie de sabotage. J’ai même entendu dire que c’est même l’opposition que je défendais. Ceux de l’opposition eux disaient que c’est le MPP qui m’utilisait pour manipuler.

     

    Excellence, beaucoup de Burkinabè voulaient se procurer les documents, mais ont eu l’impression qu’on les en a empêchés, surtout quand vous voyez des missions d’enrôlement qui ne viennent que pour une semaine en Côte d’Ivoire…

     

    Non, non, il faut resituer les choses. Il y’a eu deux problèmes. Les documents de vote. C’est la CNIB qui est exigée. Et la CNIB est exigée, car c’est le même doc ou alors le passeport ordinaire qui est exigé à la fois au Burkina qu’ailleurs. Le droit de la nationalité du Burkinabè c’est est le droit du sang et el droit du sol. Ceux qui sont nés sur le sol du Burkina, il suffit de montrer ton extrait, et pour ceux qui sont nés à l’extérieur il faut la preuve qu’au moins un de ses parents est Burkinabè. Or ceux qui sont nés ici éprouvent des difficultés, soit les parents n’avaient pas d’acte de naissance quand ils venaient du Burkina ou alors eux même sont nés ici. Donc ce qui fait que on peut avoir la Carte consulaire sans prouver qu’on est burkinabè. Ensuite pour l’enrôlement il y’a eu deux missions dans les consulats d’Abidjan, de Bouaké et de Soubré. On a compris que beaucoup ne remplissaient pas les conditions, et que même certains exigeaient qu’on les paie pour qu’ils viennent se faire établir les documents.

    Maintenant pour l’enrôlement, c’est la conséquence de ce qui s’est passé. Les techniciens de l’enrôlement sont venus pour la mission. Le 1er jour, ils ont chômé, le 2è jour, ils ont chômé. C’est pratiquement les derniers jours que les gens ont commencé à venir. Il faut regarder les choses objectivement. Je l’ai dit à feu le Président Kambou du Conseil Constitutionnel. Il y a une inégalité qu’on est en train d’introduire. On parle du droit des Burkinabè de l’Etranger, or le droit se construit sur l’observation de ses devoirs. Le premier devoir c’est de payer l’impôt. Quel impôt les Burkinabè de l’Etranger paient à l’Etat du Burkina Faso ? Ce sont des sujets dont il faut discuter.

    L’autre élément qui est central, c’était, au niveau de la communauté, la confusion des statuts, des rôles qui entrainait un conflit de leadership qui, en fin de compte, perturbait la gestion de la communauté. Je voudrais rappeler que la gestion de la communauté ne relève pas de l’ambassade, mais des consulats. Mais en Côte d’Ivoire le travail de l’Ambassade c’était de coordonner les activités des consulats à l’effet d’avoir une certaine gestion concertée, afin que ce soit les mêmes décisions et les mêmes actes qui se prennent sur toute l’étendue de la juridiction et qu’après nous que ce soit poursuivi avec une certaine cohérence. Cela a été possible grâce aux rencontres trimestrielles que l’Ambassade a initiées avec les consulats généraux. Nous avons effectué une quinzaine de rencontres. Et cela a permis de faire un travail de fourmi et de clarifications. Les clarifications ont porté sur la différence entre chefs de communautés, responsables d’associations, délégués consulaires.

    Les délégués consulaires sont les représentants du Consul dans la localité. J’aime dire que quand le Président du Faso veut une information en Côte d’Ivoire, c’est à l’ambassadeur il demande. Quand l’ambassadeur veut une information dans une juridiction, c’est au consul il demande. Quand le consul veut une information c’est au délégué il demande. Les chefs de communautés sont des chefs qui ont été choisis pour leur sagesse, leur capacité à régler des problèmes qui ne relèvent pas souvent de l’administration. Les responsables d’association n’ont d’autorité que sur les membres de leur association. Aucune association n’est au-dessus d’aucune autre association. Il n’y a pas de chef coutumier, il n’y a que des chefs de communautés, car il n’y a pas un chef burkinabè qui a un territoire à administrer. Toute ces clarifications étaient d’enlever la dimension ethnique à la dimension de la chefferie. C’est pour également rappeler qu’en cas de difficulté le référent, dans la localité, c’est le délégué consulaire. Une des conséquences a été de mettre un terme à la pratique de leaders qui se déplaçaient à l’intérieur du pays pour installer des chefs. Les Chefs sont en fait choisis dans les populations et ils rendent compte à ces populations-là. S’il y’a une reconnaissance, c’est le Consul Général seul qui peut reconnaitre un chef de communauté. Avec ces clarifications nous avons eu une situation apaisée à partir de 2019. Nous espérons que ça va continuer.

     

    Est-ce que vous pensez, avec le recul nécessaire, que vous aurez pu faire mieux, dans vos rapports avec vos compatriotes ?

     

    Je crois qu’il faut être honnête. Je savais que les décisions que je prenais allaient entrainer des grincements de dents. Car il y’a des responsables qui jouissaient de la situation que nous voulions améliorer. Clarifier et permettre à chacun de comprendre quel est le rôle de l’autre était une manière de remettre en cause leurs intérêts.

    Je comprends qu’ils ne soient pas d’accord, mais l’administration n’est pas là pour faire plaisir aux gens. Si vous faites un sondage, vous verrez que ceux qui ne sont pas d’accord constituent une infime minorité. Il y’ des gens ici, même si on se croise après ma fonction ici, ce n’est pas sûr qu’on se dise bonjour, même s’il n’y a pas de problème personnel entre nous, mais je ne le regrette pas. Ce que je devais faire, je l’ai fait en respectant les lois à la fois du Burkina et de la Côte d’Ivoire. S’il se trouve qu’il y’a des gens qui expriment leur mécontentement, mais c’est leur droit le plus absolu. Il y’a un dicton en mooré qui dit que la réussite du sacrifice ne dépend pas de l’humeur du cabri. On ne lui dit pas d’aller à l’autel en souriant, même s’il veut pleurer, il n’a qu’à pleurer.

     

    Pour certains, vous ne rendiez pas visite à vos compatriotes. Est-ce que vous ne vous êtes pas senti, par moments, isolé de votre communauté ?

     

    Pas du tout. Je rappelle que la gestion de la communauté ne relève pas de l’Ambassade.

     

    Tout à fait. Mais cela n’empêche pas les visites amicales, Excellence ?

     

    Non, non non…Il faut qu’on respecte le rôle de chacun. A Abidjan, il y’a un Consul Général qui fait admirablement son travail. Le Consul Général Nana Benjamin est dans toutes les cérémonies. Il participe à toutes les activités. Il arrive souvent que je l’appelle ; il ne décroche pas mais il rappelle pour dire qu’il était à l’église ou à un mariage ; ça c’est son travail. Je ne veux pas, et ça allait être une source de confusion, qu’on se retrouve à se marcher sur les pieds. Je rends visite à des personnes mais c’est de façon anonyme. Quand je dois rendre visite à des personnes, c’est soit parce que ces personnes sont impliquées effectivement dans la gestion de la communauté, et parfois c’est sur des suggestions et avec l’accompagnement du Consul Général. Ceux d’Abidjan se plaignent. Mais et alors ceux de Soubré ou de Bouaké ? Dois-je y rendre visite, lors des baptêmes ? des mariages ? Il faudrait qu’on comprenne que l’Ambassadeur a une tache différente que celle du Consul Général. Il ne faut pas demander à l’Ambassadeur de se substituer au Consul général. J’ai expliqué et ceux qui voulaient comprendre ont compris. Ceux qui n’ont pas voulu comprendre, n’ont pas compris, en disant qu’avant c’était comme ça. Moi je ne gère pas comme on a géré avant. Je gère comme les textes et la pratique de bonne gouvernance imposent. Je mets au défi quiconque d’apporter la preuve que j’ai été à une cérémonie d’une communauté sans la présence du Consul Général.

     

    Pendant qu’on y est, à quoi vous occupiez-vous, les week-ends et jours fériés ?

     

    J’écris beaucoup. A partir de 2017, j’ai fait l’état des lieux de la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire et fait des propositions. Ensuite, j’ai fait une autre publication en 2020 pour repréciser ce que nous pouvons faire pour une meilleure image du Burkina Faso. Parce que l’un des problèmes de notre pays, c’est que le Burkina n’a pas su présenter l’image qui reflète sa réalité de telle sorte que beaucoup de personnes croient que le Burkina est un pays pauvre et que les Burkinabè fuient la misère. J’aime répéter qu’au sein de l’UEMOA, on est tantôt 3è tantôt 4è sur 8 pays. Au niveau de la CEDEAO, on est tantôt 5è tantôt 6è sur 15 pays…mais la manière dont nous nous projetons dans l’espace public en Côte d’Ivoire est arrivée à imposer l’image d’un pays extrêmement dénué de toutes ressources dont les fils fuient pour aller se chercher ailleurs. Ce travail-là, on peut le faire de façon méthodique. Ce n’est pas par des communiqués. Je propose de construire des Centres culturels ivoiro-burkinabè ici pour amener les gens à fréquenter, à vivre la créativité du Burkina ; où ils voient les créateurs, les acteurs qui viennent du Burkina qui n’ont rien à envier ici, puis il faut œuvrer à ce que nos compatriotes qui sont ici quittent cette stratégie adoptée qui consiste à être dans la précarité parce que, selon leur entendement, envoyer un enfant à l’école ne donne pas l’assurance qu’il ait un emploi. Ça fait qu’il y a des débats auxquels notre communauté ne peut pas participer ici avec beaucoup d’efficacité, parce qu’ils ne comprennent pas nécessairement les enjeux, pas par mauvaise volonté, mais parce que la capacité intellectuelle d’aller chercher les tenants et les aboutissants, faire des analyses ce n’est pas toujours évident. En 2021, j’ai fait une autre production avec des perspectives d’investissements mais surtout une exploitation des migrations vers le Libéria.

     

    Vous avez entamé un chantier qui consistait à régulariser la situation des compatriotes du Libéria. Comment vous voyez l’avenir de ces gens, alors que vous quittez vos fonctions ?

     

    Il est difficile de prédire l’avenir mais quand on regarde de façon structurelle, il y’a des choses qu’on peut dessiner à peu près, de façon grossière, des portraits robot. Si vous prenez la migration des Burkinabè vers la Côte d’Ivoire, dans les années 1930-40-50, c’est à l’est de la Côte d’Ivoire que la migration a commencé, avant de basculer au centre à partir des 70-80 vers l’ouest. Donc, le Libéria est une destination naturelle. Vous remarquerez qu’à partir du Centre, ce sont des Burkinabè avec les Baoulé qui valorisent la forêt. Ce sont les conflits des années 90 qui ont freiné ces mouvements vers le Libéria qui vont s’étendre au sud de la Guinée, de la Sierra Leone et même de la Guinée Bissau. Ce sont des mouvements structurels. Il y’aura des difficultés parce que les Burkinabè migrent sans respecter les textes et les normes des pays d’accueil, mais ce sont des questions qui vont se résoudre. Le mieux est que l’Administration, surtout que le Burkina Faso s’implique pour éviter une répétition de l’histoire des Burkinabè de la Côte d’Ivoire, où les gens se sont installés facilement pour ensuite être confrontés à des difficulté ultérieures, sans avoir la possibilité de se défendre. C’est dans ce cadre-là que les démarches avaient été initiées mais l’Ambassade a des limites objectives dans la prise de certaines décisions. La régularisation de la situation des Burkinabè au Libéria est un sujet qui doit se discuter entre les deux Etats. L’ambassade ne peut qu’accompagner. L’administration est une continuité. Je vous disais que j’écrivais des documents. Je souhaite que cela soit traité avec diligence car l’importance de la communauté au Libéria surprend plus d’un.

     

    Si vous devriez changer quelque chose que vous n’avez pas pu faire. Ce serait quoi ?

     

    C’allait être au niveau au niveau des opérateurs économiques. La première rencontre que j’ai eue avec eux, c’était en 2017, avec le Représentant de la Chambre de Commerce, qui y avait déjà travaillé avec mon prédécesseur Koutaba. Nous avons seulement repris le dossier. Mais je pense qu’on n’a pas su saisir le problème. Dans un premier temps, beaucoup de personnes avaient des doutes quant à la sincérité des démarches. Elles pensaient que c’était une stratégie pour caporaliser les opérateurs économiques, donc elles sont entrées dans une résistance. Ensuite, il y’a eu des compréhensions différentes du rôle de l’ambassade, de la Chambre de Commerce au sein des opérateurs économiques. Pour nous, nous ne faisions que faciliter, parce que c’était une association. Pour certains, la Chambre de Commerce devait adopter la même attitude que l’ambassade ; ce qui n’a pas été toujours le cas. Ce qui a entrainé l’échec du Club des Hommes d’Affaires Burkinabè de Côte d’Ivoire (CHABCI). Ça m’a d’ailleurs valu des noms d’oiseaux, puisqu’il y’en a qui disaient que je voulais caporaliser les opérateurs économiques au profit du MPP. C’était en 2018. En 2019, des initiatives ont été reprises pour la création du Conseil des Opérateurs Economiques Burkinabè en Côte d’Ivoire (COEBCI). J’attends de voir comment ça fonctionne. Comme c’est une association, je n’ai pas à me mêler, mais J’ai le sentiment que le COEBCI traverse une phase de léthargie. Si c’était à refaire, les initiatives qui avaient été reprises pour amener les Opérateurs économiques dans chaque localité à s’organiser, me semble la plus indiquée.

     

    Votre plus grande satisfaction ?

     

    Ma plus grande satisfaction c’est d’avoir su travailler cette cohésion avec les consulats qui ont répliqué ce modèle avec les Cadres de Concertation. J’ai le sentiment que si c’est maintenu, il y’aura de moins en moins d’incompréhension du rôle de l’administration. En Côte d’Ivoire, beaucoup de nos compatriotes ont une perception déformée du rôle de l’administration diplomatique et consulaire. Au-delà des résultats obtenus, c’est la méthode utilisée pour travailler qui me donne beaucoup de satisfaction.

     

    Des remerciements en mettant un terme à notre entretien ?

    Je voudrais exprimer ma gratitude à l’ensemble des personnalités qui m’ont permis de faire les 6 ans et 4 mois ici. Je commencerai par le Président du Faso, SEM. Roch Marc Christian Kaboré qui m’a nommé Ambassadeur du Burkina en Côte d’Ivoire. Ensuite à SEM Alpha Barry, Ministre des Affaires étrangères et son Directeur de Cabinet l’Ambassadeur Soro Oumarou, qui m’ont vraiment accompagné depuis mes premiers pas jusqu’à leur départ du Ministère. Je voudrais associer à ces remerciements les autorités ivoiriennes notamment le Président de la République SEM. Alassane Ouattara, l’ensemble des membres des différents gouvernements qui se sont succédé, avec qui j’ai travaillé avec beaucoup de facilité, mais aussi à l’ensemble des autorités administrative locales à l’occasion des multiples sorties que j’ai eu à effectuer. Elles ont toujours su faire preuve d’une hospitalité que je tiens à saluer.

    Il est évident que n’étant pas diplomate de carrière, il a fallu que je bénéficie de l’accompagnement de ceux qui étaient là, d’abord mes propres collaborateurs de l’Ambassade. Je citerai d’abord Ouattara Kléna, qui était le Chargé d’Affaire. Il n’a ménagé aucun effort pour m’initier à la chose diplomatique. Il m’a permis de comprendre les codes. Evidemment, je ne peux que remercier les différents Consuls Généraux qui ont contribué, de manière efficace, à l’administration de la Communauté burkinabè de Côte d’Ivoire et aux initiatives pour soutenir et défendre les intérêts du Burkina Faso. Je commence par le Consulat Général du Burkina à Abidjan avec Monsieur Daouda Diallo, qui a eu un intérimaire Soulama Drissa, à qui je tiens à faire une mention particulière parce qu’il a assuré l’intérim à un moment où les relations avec certains leaders étaient très tendues, mais il a fait preuve de compréhension, mais aussi de fermeté. Je salue, aujourd’hui, le Consul Général Nana Benjamin. Avec le consulat de Soubré, j’ai une pensée pieuse pour le Consul honoraire Mitibkiéta Jean de Dieu Zoundi, qui a eu une très longue expérience de la gestion des hommes, pour être venu ici avant les indépendances et pour avoir accompagné l’administration en tant que délégué consulaire avant d’être nommé Consul Honoraire. Il a été remplacé par le Consul Général Bazié Hervé qui, je tiens à souligner, a joué un grand rôle capital dans la gestion de la région de l’ouest où se concentre à peu près 60% des Burkinabè de Côte d’Ivoire. Il y’a, bien sûr, le Consulat général de Bouaké avec Maxime Yabré, qui a été remplacé par Ki Boureima.

    Il faudrait remercier la communauté burkinabè dans leur ensemble, d’abord les chefs de communautés, les guides religieux, les responsables des associations dont beaucoup nous ont permis de toucher les problèmes, auxquels on ne s’y attendait pas. Il y’a ensuite les responsables des partis politiques, je pense surtout à ceux qui ont été efficaces dans des situations assez critiques en 2020. Je pense ici au responsable de l’UPC, Monsieur Bambara Michel et celui du CDP, El Hadj Kindo Issaka.

    Mes remerciements vont à l’endroit des Ivoiriens, dont l’hospitalité ne nous a jamais fait défaut. On ne peut pas terminer sans souligner le travail remarquable des Hommes de presse, qui nous ont accompagné en relayant l’information, en nuançant, en démentant certaines choses. Toutes choses qui nous ont permis de faire face à des situations auxquelles on n’était pas psychologiquement préparé.

     

    Interview réalisée par Emile Scipion Ilboudo deDiaspo24.info + Issa Badini de Hakiiqa.net

     

  • Entretien – Emile Scipion ILBOUDO, Président de la Team Aimons-Nous vivants : ‘’ A la Team, notre sérieux et notre crédibilité mobilisent…le succès de notre AG-C est un précieux indicateur ‘’
    A la sortie de la Réunion de rentrée du Bureau Exécutif, Emile Scipion ILBOUDO, Président de la Team Aimons-Nous Vivants s’ouvre pour la première fois sur l’idéal d’organisation qu’avec des camarades il a porté sur les fonts baptismaux, le 5 septembre 2021. Tirant les leçons de ce qui plombe les associations, il met en exergue les valeurs et balises qui font le charme de sa structure, mais aussi les prochains défis à relever.
    Bonjour Monsieur le Président. Quel bilan dressez-vous après la médiatique Assemblée générale Constitutive qui vous a porté à la tête de la Team Aimons-Nous Vivants ?
    Merci pour l’intérêt que vous accordez à la Team Aimons-Nous Vivants et à notre personne. L’Assemblée Générale Constitutive fut un réel succès. Plusieurs indicateurs l’en attestent. Il y’a eu d’abord la mobilisation. Timide début juin jusqu’à la mi-août 2021, alors que nous ne faisions que nous battre pour la mise en œuvre de cette grande recommandation de ‘’Allons à Willi’’, la mobilisation a pris une grande allure fin aout jusqu’à la veille du 5 septembre. Ce sont au total 72 membres qui ont apporté leur contribution voire leur participation à ces assises historiques. Ce qu’il faut saluer, c’est l’esprit Team Aimons Nous Vivants qui s’est exprimé. Quelques-uns, dans cette ambiance, ont donné leur participation pour le sérieux de l’évènement, même se sachant non disponibles pour y prendre physiquement part. C’est d’abord à tout cela, nous faisons allusion lorsque nous disons que le 5 septembre fut un succès ou qu’il y’a Dieu dedans. Il y’a eu aussi la qualité de nos invités, depuis le parrain M. Karim Ouattara (DGA de la Lonaci) jusqu’ à Madame Marie-Mactar Niang qui nous a beaucoup enseignés sur les dégâts et dangers des fake news, en passant par l’inoxydable et invincible, grand homme de presse, le Journaliste émérite M. Bamba Alex Souleymane (l’invité d’honneur). Tous ont honoré et soutenu la Team de par notre modeste personne. Ce fut un succès. Enfin, succès au regard du menu de la journée, car il faut bien rappeler que nous initions ainsi la Fête de l’Amitié. La journée a donc pris une ambiance et des couleurs de fête, jusqu’au déjeuner dans un cadre enchanteur au quartiers des affaires au Plateau. Ce fut simplement beau. Les ANVistes ont de belles raisons de répondre prestement présents lorsque nous les mobiliserons pour d’autres activités.
    A quoi répondait justement la Fête de l’Amitié ?
    A la Team, ce qui nous caractérise, c’est la vie. Nous avons, comme fondement de notre démarche, à semer la vie, la joie et l’amitié. Vous n’imaginez pas l’émotion qui vous étreint, lorsque vous découvrez pour la première fois, physiquement, un ami que vous ne connaissiez que par le canal d’internet. Il y’a une charge positive qui vous traverse le corps. Il y’a la joie de la découverte, de la rencontre et de l’accueil d’un ami qui vous anime. Nous qui sommes même l’initiateur de cette chaine de fraternité, c’était la première fois que nous voyions Miss Sally Traoré, Dr Jean-Joseph Tapsoba venu de Bouaké, M. Anourou Ouédraogo, Mme Clara Hien, Mme Salimata Bakayoko, venue de Bassam, et nous en oublions. Sans compter que beaucoup d’entre nous voyaient et touchaient pour la première fois M. Bamba Alex Souleymane ou le parrain M. Karim Ouattara. L’esprit, c’était aussi de célébrer tous les ANVistes, qui ont l’occasion dans l’année de célébrer leur anniversaire ou ceux qui ne les célèbrent pas. Ce fut pour la Team, notre journée de Saint Valentin, mais un Saint Valentin compris comme la Fête de l’amitié, pas de l’amour ‘’Eros’’. C’est tout cela qui est contenu dans la Fête de l’Amitié. La 1ere édition fut un succès. Nous tacherons, pour la seconde édition en 2022, d’innover, dans le but de donner aux ANVistes de passer de chaleureux moments et un rendez-vous annuel inoubliable.
    Après cette brillante sortie, quels sont vos prochains combats ?
    Nous l’avons dit et répété. Tout ne fait que commencer. En tant que journaliste professionnel quelque peu aguerri également des techniques de communication, cette sortie à impact visait à nous faire connaitre en tant qu’organe qui prend toute sa place dans l’univers de la société civile, la vraie, pas cette société civile encagoulée et subrepticement politisée. Notre sérieux et notre crédibilité nous ont donc devancés dans les médias, dans les bureaux, dans tous les bistrots, et mobilisent déjà. Il nous revient cependant qu’une poignée d’individus en mal de leadership et d’initiatives nous en veulent déjà et décrètent notre échec, mais c’est de bonne guerre. Nous mettons cela sur le compte de l’ignorance, de la pure jalousie maladive et du manque de formation en leadership ou en vie associative. La Team ne vient supplanter qui que ce soit. La Team est ouverte à tous et les attend les bras ouverts, car il est inconcevable même que la Team vive en autarcie. C’est dire que naturellement nous nouerons, dans un esprit de réseautage gagnant, des partenariats stratégiques, car c’est dans de grands ensembles que le monde évolue aujourd’hui ; cela se vérifie également dans la Société civile. Pour autant, nous refusons de nager dans la marre à la haine de la diaspora, cette sphère abusivement malmenée et saturée de coups bas, de rancœur par nombre de leaders sans véritablement de leadership parce que sans vision, pour nous ouvrir à l’international, dans une fraternité universelle, dans ce que nous avons de plus chère : la vie et l’amitié. Nos prochains combats, et c’est tout le charme de la Team, ce seront des activités de salubrité, un arbre de Noel, une cérémonie de distinction de lauréats du Prix Champion de la Solidarité, des dons dans des orphelinats, un tournoi de football Team Aimons-Nous Vivants etc. C’est une machine qui sera mise progressivement en marche. C’est ce signal que nous avons voulu donner, en remettant une feuille de route à tous nos collaborateurs du Bureau et en les mettant en mission, le dimanche 19 septembre 2021, à la Réunion de rentrée. Nous adopterons, dans l’atteinte de nos objectifs, la démarche par objectifs. C’est ce qui explique la mise en place de Commissions dédiées à des thématiques et initiatives, qui se mettront urgemment en mission pour des résultats tangibles.
    Vous l’avez évoqué, tantôt. Plusieurs leaders ont berné leurs camarades et les ont conduits tout droit dans des formations politiques. La Team donne-t-elle suffisamment d’assurance qu’elle est apolitique ?
    Merci de la pertinence de la question. Nous avons eu déjà quelques tribunes ou interviews pour le préciser. La Team Aimons-Nous Vivants est APOLITIQUE. Dans la vie, les tricheurs finissent mal, parce que le temps les démasque et ils sont alors réduits à leur plus vile nudité. Ceux qui nous connaissent savent notre forte personnalité, nos convictions et notre soif de liberté. Pas que nous n’avons pas de la sympathie pour tel ou tel parti politique. Pas que la Team est contre les hommes ou formations politiques. Mais nous disons et nous le répétons que la Team n’est pas un canal de propagande ou de promotion d’un parti politique. Nous ambitionnons de rassembler tous les bords idéologiques. Vous savez, dans une famille il y’a du tout, mais on garde les principes et les valeurs de fraternité qui transcendent les barrières factices. Pour le fait que la politique politicienne divise, elle est bannie et criminalisée ici. Les ANVistes politiques laissent leurs vêtements ou attributs au vestiaire, en entrant dans l’anti chambre de la Team. Cela dit, dans la mise en œuvre de nos activités qui concernent l’homme et tout l’homme, nous rencontrerons des opérateurs économiques, des élus, des autorités civiles et administratives, des cadres de formation politique naturellement dans la mise en œuvre de notre plan d’action. Il faut parvenir à convaincre nos jeunes qu’il y a de nombreux modèles de réussite qui n’ont pas eu forcément besoin d’être un militant encarté en politique.
    Il y’a un indicateur quand une structure est politique. D’abord, les membres ne blanchissent pas leurs cheveux pour obtenir une prise en charge ou un appui de la part de la formation politique tutélaire. En conséquence, les membres n’ont pas besoin de cotiser pour aller en AG-C. Dans un tel contexte, on a aucun respect pour les membres ; leur avis ne compte pas. Le leader qui fait croire que les sous viennent de sa poche, fait à sa guise et n’a aucun compte à rendre à ses collaborateurs et camarades, anime l’association comme un bien personnel et se constitue en potentat. Il ne peut en être question à la Team. Notre structure a des Termes de Références (TDR) et des Statuts et un règlement largement diffusés auprès de nos membres pour que chacun en soit le gendarme. Pour nous donner, des chances de réussite, nous avons un Conseil de Discipline dans lequel siègent des personnes respectables par leur sens de devoir et de la responsabilité, nous avons des coachs auxquels nous nous ouvrons, et bien naturellement, en arrière-plan, des Conseillers bien avisés. Dans les regroupements menés par les aventuriers, vous ne verrez pas ces instances. Si elles existaient, elles ne sont composées que de personnes redevables, donc sans âmes, sans personnalités. Notre temps a besoin d’associations véritablement affranchies des girons politiques. La Team veut garder ainsi sa liberté de transversalité, qui l’amène à tous, sans exclusive et qui offre à tous ses adhérents un cadre de convivialité et de cohésion sociale.
    Votre mot de fin ?
    Nous saluons tous ceux qui ont physiquement, matériellement ou financièrement pris part à l’AG-C et à la 1ere édition de la Fête de l’Amitié. Nous retenons que les activités, si elles sont minutieusement préparées, suscitent mobilisation et engouement. Nous exhortons donc les ANVistes, sur la base de nos premiers acquis à se mobiliser d’avantage chaque fois qu’on leur passera un message de rassemblement. Nous invitons chacune et chacun à porter l’information de notre existence légale à son entourage et de l’inviter dans la Team. Une Association, apolitique, fonctionne sur la base des cotisations de ses membres et de nouvelles adhésions, nous invitons alors chacune et chacun à payer ses cotisations mensuelles qui courent pour l’année 2021, du 5 septembre 2021 à décembre. Cela fera, pour le dernier trimestre 2021, la somme de 3000F par membre. C’est ce qui permettra à la Team de mener ses missions et activités.
    Nous saluons également les ANvistes du Burkina Faso et du Mali, qui s’activent à donner une assise à la Team chez eux. Nous sommes de cœur avec eux et les soutenons dans leur démarche. Peu à peu, la Team sera une réalité dans la Sous-région, Abidjan sera ainsi la capitale de tout ce déferlement. La Team a un bel avenir, car il y’a véritablement Dieu dedans. Merci à Diaspo24.info pour l’opportunité de ces échanges de clarification.
    Entretien réalisé par J-G, Diaspo24.info
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  • Entretien – Konkobo Paul, Catéchiste Permanent, Paroisse Saint François d’Assise de Koumassi : ‘’Je sors sans rien les mains vides, mais le cœur rempli de joie….je demande aux âmes généreuses un toit ’’
    Catéchiste Permanent de la Paroisse Saint François d’Assise de Koumassi Remblais depuis 2002, Monsieur Konkobo Paul fera valoir son droit à la retraite, au cours d’une messe d’action de grâces, le dimanche 4 octobre 2020. A 65 ans, l’homme pétri de la foi catholique, aura tout abandonné à la suite du Christ. Après 18 ans de service exclusif à l’œuvre de Dieu, il raconte à Diaspo24.info comment est née sa vocation, et tous les souvenirs qu’il garde de cette exaltante mission. Il en appelle aussi à la charité des âmes généreuses, car il sort sans logis ni grands moyens. Entretien !
    Dimanche 4 octobre 2020 à Saint François d’Assise, au cours une messe d’action de grâces vous irez officiellement à la retraite. Comment préparez-vous et vivez-vous ce moment de grâces ?
    Je le vis avec reconnaissance et avec joie parce que passer 18 ans et 4 mois au service de Dieu et de l’Eglise, ce n’est pas donné à tout le monde. J’ai géré comme je pouvais. Rien n’est perdu. On ne peut que rendre grâce à Dieu. Donc j’appréhende ce moment également comme une reconnaissance et une louange à Dieu qui n’a pas choisi celui qui est capable, mais qui a rendu capable celui qu’il a choisi depuis ces 18 longues années. Reconnaissance aussi à cette communauté de Saint François d’Assise qui m’a accueilli et qui m’accepté et qui m’a adopté.
    Comment est née cette vocation de catéchiste ? Quel en a été le déclic ?
    En fait né en Côte d’Ivoire, j’ai eu la chance de rentré tôt au pays (Burkina Faso, Ndlr) avec les parents. Mes cycles primaire et secondaire, je les ai passés au Faso. Et dès l’Ecole primaire, nous étions, je me rappelle, au nombre de 8 à nous inscrire pour aller au Juvénat de Saaba. On a donc composé le test d’entrée dans cette maison de formation. Nous avions attendu les résultats pendant près de 6 mois. Après déception, j’ai raccroché, las d’attendre et je suis parti. Revenu en Côte d’Ivoire, j’ai continué la formation, en me disant qu’on peut ne pas être prêtre, mais continuer à servir l’Eglise notre mère, à cause de notre baptême et de notre confirmation. Je me suis donc engagé aux côtés des grands frères comme les catéchistes Jean Baptiste Nanema, qui a été l’un de nos grands formateurs, mais aussi André qui était à Treichville, et le papa de l’abbé Zabsonré, l’actuel Curé de Notre Dame de Treichville. Son papa a été le président des catéchistes du secteur sud d’Abidjan. A l’époque, nous faisions les formations à Notre Dame d’Afrique de Biétry. J’étais alors le Secrétaire de ce groupe de catéchistes qui se sont engagés. Je dois dire que nous étions vraiment ben formés par les pères Goel, Richard Anou, et bien d’autres prêtres de renom.
    Voilà une vie de catéchiste bien remplie. Quels sont les meilleurs et pires souvenirs qui auront marqué votre mission ?
    Grâce à Dieu, avec le concours de nos collègues, beaucoup de catéchumènes ont pu devenir Chrétiens par les sacrements de baptême, de confirmation, de mariage. Ce sont des milliers et des milliers de personnes qui ont bénéficié des formations que nous avons reçues et que nous avons dispensées. Je ressens une grande fierté de voir ses foyers, où sont nés des enfants épanouis. Tout ceci est une satisfaction. J’ai vu naitre également cette communauté de Saint François d’Assise. A la base, c’était des Burkinabè et au fur à mesure nous nous sommes ouverts aux frères et sœurs ivoiriens ou de la Sous-région, qui sont venus nous rejoindre. Franchement, quand je vois cette communauté qui a grandi en nombre et en spiritualité, je ne puis que rendre grâce à Dieu.
    Ce qui m’a beaucoup peiné. Comme je le disais tantôt, ici au début, c’était une communauté burkinabè, un groupuscule. De l’éclatement de Treichville, beaucoup sont allés à Port-Bouet et d’autres ont replié ici. C’est pourquoi on a surnommé le quartier, ici, Port-Bouet 2. On disait église des mossi. Quand je commençais. C’était au temps de vénéré mémoire, paix à son âme, au temps de Mgr Joseph Akichi, qui est venu un jour s’entretenir avec la communauté et nous recommander de nous ouvrir, d’accueillir nos frères et sœurs qui ne comprenaient pas notre langue. Je vous assure que ça a été difficile. Les parents se sont farouchement opposés disant que c’est notre ethnie, que c’est notre communauté qui a construit l’église et que par conséquent les autres devaient aller à la Paroisse Saint Etienne. Je m’étais alors engagé à raisonner nos parents. C’était compliqué, difficile. Mais par la grâce de Dieu, l’ouverture s’est amorcée. On a pu introduire quelques chants et des lectures en français pour attirer les autres à nous, parce que la signification de l’Eglise catholique ‘’Cathos’’ c’est l’universalité, l’ouverture aux autres. Dieu merci, comme l’Esprit Saint faisait son œuvre, l’harmonie et la joie sont venues.
    Une vie de catéchiste est marquée par une relative pauvreté. En fin de parcours ou de mission, comment se fera la retraite ? N’avez-vous pas un appel pressant en direction des âmes généreuses ?
    C’est vrai qu’en Eglise, on a reçu gratuitement et que nous avons donné gratuitement. Mais mon cas est un peu spécifique. J’avais deux ateliers qui fonctionnaient très bien. Il a fallu tout abandonner, pour venir assumer la mission de Catéchiste permanent, avec un maigre salaire. Comme maison, on nous a prêté dans l’enceinte de la paroisse une petite salle de catéchèse que Madame et moi avons squattée pendant 18 ans près des toilettes dans l’enceinte de l’église. Mais on a tenu. Voilà que l’heure est arrivée. On doit quitter les lieux, sans logis. Je sors matériellement les mains vides. Mes ateliers étant fermés. Tout ce que me rapportaient les ateliers est un lointain souvenir. Mon petit compte pour mon départ ne peut me permettre de payer un loyer de 6 mois. Ce qui me tient à cœur. Je demanderais aux âmes généreuses, à vos lecteurs, un petit terrain, j’en serai vraiment content au nom du Seigneur. Ceux qui voudraient aussi m’assister financièrement et matériellement, feront véritablement œuvre utile. Que ces personnes soient bénies. Je sors sans rien en main, les mains vides, mais le cœur rempli de joie pour avoir ramené des âmes au Seigneur.
    Diaspo24.info

  • Désiré Nawatalba Yaméogo, Président de la COPTAC : ‘’Beaucoup d’acteurs ont compris l’esprit du TAC à partir de notre initiative’’

    Inlassablement, Désiré Yaméogo est sur la brèche au-devant de la Convergence de Peuples pour le Promotion du Traité d’amitié et de Coopération ivoiro- burkinabè (COPTAC), la structure qu’il a mise sur pied pour donner, auprès des populations,  sens et consistance à l’intégration, à la faveur de l’impulsion nouvelle imprimée au Traité d’Amitié et de Coopération entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Il explique pour les lecteurs de Diaspo24.info que la 4è édition de célébration du TAC a lieu à Ivotel Abidjan le 3 octobre 2020  et il en donne le contenu. Entretien.

     Vous êtes dans la dernière ligne droite de la 4ème édition de la célébration du Traité d’Amitié et de Coopération (TAC), dont la rencontre au sommet n’a pas lieu cette année. Pourquoi une telle célébration ? Quelle en est la pertinence ?

    Avant tous propos, je voudrais témoigner toute ma reconnaissance à la direction de l’organe en ligne Diaspo 24.info pour le grand intérêt accordé aux activités de notre structure la Convergence de Peuples pour le Promotion du Traité d’amitié et de Coopération ivoiro- burkinabè en abrégée COPTAC. Pour rappel, la COPTAC se considère comme le bras civil de la plateforme politique initiée par les gouvernants de la République de Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ; laquelle plateforme est dénommée : « Traité d’amitié et de coopération (TAC) entre la République de Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ». Le but principal de cette plateforme bilatérale est de promouvoir l’intégration sociale, économique et politique entre les deux états et au-delà entre les deux peuples liés par l’histoire et la géographie. Cette année, pour des raisons diverses dont la crise sanitaire liée à la Covid-19, comme l’a souligné lors d’une audience, Son Excellence Monsieur Kapiéletien SORO, Ambassadeur plénipotentiaire de la République de Côte d’Ivoire près le Burkina Faso et la République du Niger, la conférence au sommet entre les Chefs d’Etats et leurs gouvernement dans le cadre du TAC ne se tiendra pas cette année. Mais les activités de la COPTAC, à travers la 4ème édition de la Célébration du Tac, seraient les bienvenues, puisqu’elles viendront pérenniser la philosophie du TAC dans un contexte préélectoral dans les deux pays. A travers ces propos de Son Excellence Monsieur l’ambassadeur, la pertinence de cette activité est établie. Cela s’explique par le fait qu’au-delà de la Conférence au sommet, les populations devraient s’approprier les recommandations d’ordre sociopolitique et économique au quotidien afin de pérenniser l’esprit du Tac dont le socle est le vivre-ensemble dans la paix, la cohésion sociale et le développement des infrastructures indispensables pour l’intégration véritable des deux pays.

    A considérer les 3 précédentes éditions. Quel bilan pouvez-vous tirer de la mise en œuvre de cette initiative ?

    Parlant  de  bilan des précédentes éditions  de  cette initiative  de la COPTAC et  dénommée : « Célébration du Tac », nous pouvons nous estimer heureux de l’accueil que les acteurs du développement, les citoyens et citoyennes, les autorités des deux pays ont réservé à la COPTAC et, par ricochet, à cette initiative de célébration du Tac qui pour nous est un moyen de permettre aux populations des deux pays de témoigner leur reconnaissance et leur joie pour l’avènement du Tac dont la vision citoyenne ne laisse personne indifférente. Les motivations de cette initiative se résument par notre volonté de stimuler de façon permanente une adhésion populaire à l’idéal du TAC, avec pour socle la culture de la solidarité agissante à travers l’intégration sociale, économique et politique. Alors, nous nous sommes convaincus de la nécessité d’encourager les acteurs du développement pour qu’ils s’impliquent davantage à faire de la culture de l’idéal de développement et d’intégration entre nos deux pays, une réalité pérenne dans l’esprit et le comportement de tous. Il s’agit des opérateurs économiques et agricoles, des Hommes politiques, des Institutions, des acteurs de la société civile, des acteurs culturels et sportifs. Aujourd’hui, bien que nous soyons conscients de l’énormité de la tâche, nous sommes plus ou moins satisfaits en ce sens que beaucoup d’acteurs ont compris l’esprit du TAC à partir de cette initiative qui rassemble chaque année les acteurs de différents domaines activités venant du Burkina Faso de la Côte d’Ivoire.

    Quels seront le thème et les temps forts de la 4ème Edition ?

    Cette 4ème édition comportera deux rubriques dont une Conférence Publique prévue dans la matinée du 03/10/2020 avec pour thème : « Civisme et défis sécuritaire en période électorale et en temps de Covid19 ; quel comportement pour l’épanouissement de nos populations ?». Puis un Gala de remise de trophées du Grand Prix de la promotion du Tac ou Grand Prix du Tac qui se tiendra à Abidjan à l’Hôtel IVOTEL au Plateau le 03/10/2020 dans la soirée.

    Quel est votre mot de fin.

    Mon mot de fin va à l’endroit de tous les citoyens épris de paix et de compassion afin que dans leurs actes au quotidien, la vie de l’Homme et son bien-être constitue la valeur et la préoccupation centrale comme le recommande l’esprit et la vision du Traité d‘amitié et de coopération (Tac) entre la République de Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ; vision que s’est appropriée la COPTAC.

    Entretien réalisé par Diaspo24.info

     

     

  • Entretien avec Sawadogo, Mamadou, Président de la Section ADF –RDA Côte d’Ivoire : ‘’Ceux qui pensent que l’ADF-RDA est un petit parti se trompent et refusent de revisiter l’histoire’’

     

    Président fondateur de l’ONG Zoodoh, Délégué au Conseil Supérieur des Burkinabè de l’Etranger (CSBE), Président de l’Union Culturelle des Arts et Danses Traditionnelles Burkinabè en Côte d’Ivoire, Sawadogo Mamadou est politiquement un cadre de l’ADF-RDA, dont il est le Président de la section Côte d’Ivoire. C’est en cette qualité que nous avons rencontré cet enseignant émérite à ses bureaux d’Adjamé. Il décrit la vitalité et le rayonnement  de sa formation politique  à deux mois de la présidentielle au Burkina Faso.

    Que dites-vous de à ceux qualifie l’ADF-RDA d’accompagnateur ou de faiseur de rois ?

    Vous me permettez de rafraîchir la mémoire de ceux qui  pensent que l’ADF RDA est un petit parti. Ces personnes refusent de revisiter l’histoire ou de comprendre purement et simplement l’histoire. Le RDA a été l’un des premiers partis de l’Afrique de l’Ouest qui a combattu avec nos devanciers Ouézzin Coulibaly, Felix Houphouet-Boigny, Gerard Kango Ouédraogo et j’en passe. Le RDA était partout comme un parti unique, un parti que les gens ont connu du temps des colons et après les colons. La particularité de ce parti, c’est qu’il est un parti de paix et de justice. Dans ce parti, nous avons appris à respecter l’ainé. Dans ce parti, nous avons appris à respecter l’ainé. Ceux qui disent que nous sommes des faiseurs de rois se trompent. En politique, il y’a des alliances et des techniques de combat. On ne se lève pas pour dire qu’on veut le pouvoir sans apprendre. Me Gilbert Noel Ouédraogo, à 30 ans déjà, s’est lancé en politique. Il a été Ministre des Affaires sociales, puis Ministre des Transports. Il était en train d’apprendre auprès du Président Blaise Compaoré.  Il a senti à un moment donné que s’il prenait une certaine position radicale, la machine ADF-RDA serait cassé. Il a prôné alors l’apaisement. Il s’est demandé pourquoi durcir au risque de faire exploser le pays. Pour lui, un bon arrangement valait mieux qu’un mauvais procès. Il n’a pas voulu mettre de l’huile sur le feu. L’ADF-RDA a choisi alors d’accompagner le Président Compaoré pour ses 5 ans, puisque la Constitution le lui permettait. Les gens, peut-être, ne l’ont pas compris dans ce choix. Mais aujourd’hui avec du recul, tout homme conscient trouverait que la position de l’ADF RDA était normale. Si ce choix avait été opéré par les Burkinabè aujourd’hui on ne connaitrait pas les Djihaddistes, les déplacés internes. Aujourd’hui, tout le monde est devenu chantre de la sécurité, de la paix, de la justice, de la réconciliation. Mais toutes ces valeurs, c’est le comportement de notre parti. L’ADF-RDA a une longueur d’avance sur la promotion de ces valeurs.

    Vous êtes sans repos, ces jours-ci, sur différents fronts dans le District autonome d’Abidjan. La semaine dernière, vous étiez dans les environs de Gonzagueville à Port-Bouet. Quel point faites-vous de l’implantation de l’ADF-RDA en Côte d’Ivoire ?

    Le travail d’implantation nous l’avons initié depuis longtemps. Je ne me suis pas levé maintenant pour ce travail. Mes tournées, ces dernières semaines, sont une remobilisation, un réveil. Comme nous sommes à la veille de la campagne électorale, il est indiqué que je passe leur dire bonjour et fasse revivre les sous –sections installées. Sinon depuis 2012, avec l’appui d’un ami, j’ai effectué des missions d’implantation à Dabou, Grand Lahou, Sassandra, San Pedro, Meagui, Soubré, Grand Zattry, Daloa, Duekoué,  Vavoua, Bouafflé et Bouaké. Dans toutes ces villes, nous avons des entités de l’ADF-RDA. Et Me Gilbert Ouédraogo a leurs contacts. Ils se parlent fréquemment.

    La Diaspora votera pour la première fois le Président du Faso. Avez-vous des attentes ou un appel à lancer ?

    Je dois dire que c’est un sentiment de fierté et de satisfaction qui m’animent. Parce que depuis tout le temps, la diaspora a souhaité y prendre part. Je ne peux que dire merci aux autorités qui ont pensé à nous. Mon souhait est que nous puissions participer à ces échéances dans la paix, la discipline, le respect mutuel de l’autre. La politique, c’est un jeu. Que le meilleur gagne. Je souhaite qu’au soir du 22 novembre, l’ADF RDA vienne en tête du suffrage au niveau de la Côte d’Ivoire. Me Gibert Ouédraogo sera fier de notre travail et du fait que nous sommes là, mais nous pensons au Faso et au parti.

    Entretien réalisé par Diaspo24.info

     

  • Sawadogo Wahabo, Président ABEGECI : ‘’ Nous demandons au COEBCI des offres de stages et d’emplois dans leurs différentes sociétés et entreprises…Nous voulons un soutien de l’Etat’’

    Etudiant en master 1 de Comptabilité et Contrôle gestion, Sawadogo Wahabo est le Président en exercice de l’Association Burkinabè des Elèves et Etudiants des Universités et Grandes Ecoles en Côte d’Ivoire (ABEGECI). Elu le 11 octobre 2019,  pour un mandat de  2ans, il effectue depuis beaucoup de missions et rencontres afin de sensibiliser et informer les élèves et nouveaux bacheliers sur nombre de procédures inhérentes à leur intégration dans les Universités et Grandes écoles. En marge de la journée d’information et d’orientation organisée le samedi 12 septembre au Consulat à Abidjan, il a expliqué à Diaspo24.info le charme  de ses activités mais aussi les grandes attentes de sa structure. Entretien.

    -Quels sont les principaux objectifs de l’ABEGECI ?

    L’objectif principal c’est le bien être de l’élève et de l’étudiant burkinabè en Côte d’Ivoire. Il s’agit de l’accompagner dès les classes primaires, les coacher leur montrer l’amour et al culture burkinabè, de sorte qu’après le Bac il puisse rentrer au Burkina Faso et poursuivre le reste de son cursus.

    -Quel a été l’intérêt d’une telle Journée au Consulat ?

    Ce fut une journée qui a été importante dans la vie des nouveaux bacheliers. Nous avons mobilisé plus de 600 nouveaux bacheliers, afin qu’ils ne puissent pas se perdre dans la nature. Ces jeunes ne maitrisent pas le Burkina Faso, le système éducatif du Burkina Faso, les conditions de vie des étudiants burkinabè. Ce n’est donc pas facile. Etant auprès d’eux, et en formant avec eux une famille,  nous les rassurons et els accompagnons même jusqu’au Burkina Faso.

    -Quelle sont les principales difficultés que vous rencontrez ?

    Les difficultés sont nombreuses et de plusieurs ordres. Nous avons un manque de financement pour nos activités. Nous avons la volonté de travailler et d’aider, mais nous n’avons pas d’accompagnement. Aujourd’hui, nous sommes face aux étudiants d’Abidjan environ 600 nouveaux bacheliers, mais il va falloir nous tourner vers ceux de l’intérieur du pays. Il y’a des demandes. Comment nous y rendre ? Nous n’avons pas de voiture. Ce sont les membres qui cotisent afin que nous puissions réussir à organiser les activités. Nous avons organisé une journée similaire où nous avons réuni plus de 700 nouveaux bacheliers venus s’informer,  le 5 septembre à Adjamé. Autre difficulté, je dois souligner que nos étudiants burkinabè qui restent ici pour les études supérieures  n’ont pas de chambres en cité. Ils sont laissés à eux-mêmes.

    Un appel donc ?

    L’appel que je lance en direction des autorités, c’est de leur demander un véritable soutien. Car nous étudions ici, mais nous allons rentrer un jour pour servir notre nation. Pour son développement le Burkina Faso a besoin de tous ses enfants. Dans ce sens également, je me tourne respectueusement vers le Conseil des Opérateurs Economiques Burkinabè en Côte d’Ivoire (COEBCI). Nous demandons aux opérateurs des offres de stages et d’emplois dans leurs différentes sociétés et entreprises, mais aussi des appuis. Ils peuvent le faire. Nous sommes leurs enfants ou frères, nous les supplions.

     

    Diaspo24.info

     

  • Entretien – Tahirou Ag Taglif, Président par intérim du CNB-CI : ‘’Il est trop tôt d’évoquer la succession de Salogo’’

    Né à Séitanga, une bourgade distante de 43 km de Dori au Burkina Faso, Tahirou Ag Taglif, après des études franco arabes, et un passage de près de 13 ans dans l’Armée burkinabè, a déposé ses valises en Côte d’Ivoire en 1981. Opérateur économique. Il est jusqu’ à ce jour Président de l’Association Kal-Tamasaheq du Niger, Burkina Faso, Mali et Côte d’Ivoire réunis. Vice-Président du CNB-CI, il assure l’intérim de Salogo Mamadou, décédé le 17 janvier 2020. Diaspo24.info a été à sa rencontre à son domicile en bordure de Mer à Vridi, et contre manifestement l’obligation de réserve qu’il voulait s’imposer, lui a arraché des réponses franches à des questions qui ne sauraient laisser la diaspora indifférente.

    Bonjour Président Taglif, voilà un mois déjà que la Communauté burkinabè a été frappée par le rappel à Dieu du Président Salogo Mamadou. Dites-nous comment vous avez appris et vécu la nouvelle de sa disparition ?

    Permettez, Monsieur le Journaliste, que nous observions avant tout propos une minute de silence pour saluer sa mémoire (On observe un bref silence). Merci, qu’il repose en paix auprès de Allah ! Je dois dire que Salogo sentait venir sa mort. Trois mois avant son décès, il m’a appelé en ma qualité de 1er Vice-Président pour une séance de travail au cours de laquelle nous avons aplani de nombreux points de divergences. Le jour où il s’en allait pour le Maroc pour son dernier rendez-vous médical, il m’a, de nouveau, fait appel. Il m’a conseillé de me battre avec la direction du Conseil National des Burkinabè en Côte d’Ivoire (CNB-CI) de sorte que la cohésion, la paix et l’entente soient de mise. Le même jour, dans la soirée, il s’est envolé pour le Maroc pour des soins, d’où il mourra. (Il fait un soupir avant de poursuivre). Aujourd’hui, je comprends son ultime démarche comme une transmission de dossiers. Je dois dire que malgré son état de santé très préoccupant, il avait prévu un tafsir, qu’il nous a demandé d’honorer en son absence du pays.
    Le jour de son décès, j’étais invité au Consulat général à Abidjan, à la cérémonie de restitution des Passeports et Cartes Nationales d’Identité Burkinabè (CNIB). Chemin faisant pour ce rendez-vous, j’ai reçu un coup de fil pour me dire que les nouvelles n’étaient pas bonnes du côté du Maroc. Mais l’information n’était pas encore confirmée. Mais juste après la cérémonie, la nouvelle s’est avérée. Triste ! Salogo s’était ainsi endormi ! Qu’il repose en paix !

    Comment se fera sa succession au sein du CNB-CI ?

    C’est trop tôt d’évoquer une telle question. Laissez-nous le temps de faire notre deuil. Je pense qu’il faut respecter la mémoire de ce grand patriote burkinabè, qui se sera élevé partout où besoin en était pour la cause du Burkinabè.

    Mais si vous restez procéduriers, les appétits, intrigues et récupérations vont naitre et empoisonner cette cohésion voulue par le regretté ?

    Pour l’heure, je n’ai pas encore observé cela. Personne ne me l’a encore signifié. Mais on entend de petites agitations, sans plus. Je compte en ma qualité de 1er Vice-Président et donc Président intérimaire convoquer une Assemblée générale, après le 8 mars 2020 pour expliquer la situation aux membres des instances du CNB-CI et surtout écouter leurs desiderata. Moi je n’ai aucune directive à donner. Je suivrai l’orientation que la structure voudra.

    Mais vous avez quand même une vision de CNB-CI que vous pourrez souhaiter voir ?

    Oui, naturellement ! Il faudrait que désormais il y’ait une grande entente et un profond respect entre le CNB-CI et l’Union des Chefs et notables burkinabè. Tirant les leçons de divisions et crises profondes dans notre récent passé, il faudrait qu’on y songe sérieusement. Notre communauté a besoin de paix et de sérénité. Et fidèle à ses objectifs, le CNB-CI devrait pouvoir travailler à cela.

    Ceci sera-t-il également valable dans votre approche vis-à-vis de l’Ambassadeur Zongo Mahamadou, avec qui Salogo avait un commerce difficile ?

    Vis-à-vis de l’Ambassadeur Zongo, nous privilégierons le dialogue, la concertation et l’écoute. J’ai foi qu’on va s’entendre. Il n’y a pas de doute !

    Le Burkina Faso est véritablement en proie à de récurrentes attaques terroristes. Si les populations n’y prennent garde, le pays risque de basculer dans une crise identitaire ou un génocide dirigé contre une communauté donnée. Quel appel lancez-vous à ce sujet ?

    Je condamne ces attaques criminelles avec la dernière énergie. Rien, absolument rien ne saurait justifier ces attaques sauvages et Les Burkinabè selon la signification du nom sont des personnes intègres. Sachons rester intègres. Les gens essaient de nous opposer, de nous diviser. Sachons rester vigilants, avec beaucoup de discernement.

    Diaspo24.info

     

     

  • Ouédraogo Moussa explique le bien-fondé du COEBCI

    Président du Conseil des Opérateurs Economiques Burkinabè en Côte d’Ivoire (COEBCI) Monsieur Ouédraogo Moussa a bien voulu expliquer à Disapo24.info et Hakiiqa le bien fondé et les ambitions du Conseil qu’il dirige. Volontariste et déterminé, l’ancien Représentant du Conseil Burkinabè des Chargeurs (CBC) à la retraite veut, avec ses pairs, inscrire ses actions au bénéfice de ses compatriotes. Ce qui explique, à son actif,  des cas de réconciliation de frères qu’il a su mener et qui pourraient être déployés à grande échelle dans la communauté burkinabè aux prises avec bien de mesquineries et rancœurs. Entretien !

    Anciennement Représentant du Conseil Burkinabè des Chargeurs (CBC) en Côte d’Ivoire, aujourd’hui vous êtes Président du COEBCI. Peut-on mieux comprendre ce glissement ?

    En réalité ce n’est pas un glissement. Au Conseil Burkinabè des Chargeurs (CBC), j’ai fini ma carrière. J‘ai fait valoir mes droits à la retraire depuis 2016. Il se trouve que j’ai quelques racines en Côte d’Ivoire, j’ai de la famille, des enfants qui fréquentent encore ici, et j’ai surtout beaucoup d’amis. Je me suis dit pourquoi ne pas rester quelque temps. Permettre d’une part aux enfants de terminer leurs cursus et d’autre part compter sur mes frères ivoiriens qui m’ont si bien accueilli depuis 2002. Je saisis cette occasion pour les remercier, surtout au niveau de la communauté portuaire d’Abidjan, pour leur disponibilité et hospitalité dont j’ai fait l’objet jusqu’à ce jour. Pour ne pas m’ennuyer, j’ai regardé un peu au niveau de notre communauté, et comme vous-mêmes avez pu faire le constat. On est si nombreux, mais hélas, il n’y a véritablement pas d’entente entre nous. Voilà pourquoi j’ai pensé à créer le COEBCI.

    Selon vous, le COEBCI va participer quelque peu à remédier à cette mésentente dans la communauté ?

    C’est une prétention, comme tout le monde peut en avoir. Nous n’avons pas la certitude d’apporter des solutions à tous les problèmes qui minent notre communauté. Mais c’est un rêve, comme tout le monde peut se le permettre. C’est d’essayer une formule allant dans le sens d’amener notre communauté à chercher à avoir, ne serait-ce qu’un petit noyau, un cercle dans lequel ils peuvent partager cette solidarité qui nous manque tant et cette fraternité dont nous parlons souvent mais qu’on ne voit pas dans la pratique quotidienne. C’est d’échanger les expériences. Et Dieu seul sait qu’en notre sein, il y’a des hommes d’expérience (…) C’est une idée qui a été partagée avec certaines personnes que je respecte beaucoup. C’est même grâce à ces personnes que nous avons pu mettre sur pied le COEBCI. Elles ont apporté leur image et le crédit qui leur est accordé au sein de la communauté, comme M. Sawadogo Issiaka, le PCA de la filière Bétail et viande, M. Pathé’O, St Jo, qui ne sont pas à présenter.

    Comment adhère-t-on au COEBCI ? Faut-il être forcément opérateur économique ?

    Eh bien, ce n’est vraiment pas compliqué. Il faut être Opérateur économique, et même si vous ne l’êtes pas, vous pouvez toujours apporter quelque chose au COEBCI. Les Opérateurs économiques, c’est un milieu assez particulier. Ce sont des hommes d’affaires. Ils ont leurs problèmes qui leur sont propres. Ils peuvent partager leurs expériences entre eux. Cependant, vous pouvez ne pas être opérateur économique et apporter des avis éclairés, des conseils aux opérateurs. Donc, on peut distinguer les membres actifs, ceux qui sont dans le Bureau, mais aussi des membres d’honneur, qui ne sont pas des Opérateurs économiques, mais qui avec un œil extérieur peuvent apporter quelque chose au COEBCI.

    Qu’est-ce qu’un opérateur économique gagne en adhérant au COEBCI ?

    Pas grand-chose, mais également beaucoup de choses. Pas grand’ chose, parce que tout seul vous pouvez réussir vos affaires. Il est un opérateur, si il y est depuis un certain temps, c’est que ça marche ; il n’a peut-être pas besoin de quelqu’un pour faire marcher ses affaires. Mais est-il sûr que ça peut continuer comme ça jusqu’à ce qu’il décide d’arrêter. N’est-il pas prudent de se mettre avec d’autres personnes dans la perspective de pouvoir affronter ensemble un certain nombre de difficultés qu’un homme tout seul ne peut vaincre ?

    Dans la pratique, est-ce que vous ne vous positionnez pas comme l’interlocuteur ou l’interface du patronat burkinabè en Côte d’Ivoire ?

    Je dirais oui. Parce que fort heureusement quand le patronat s’est déporté à Abidjan à l’occasion d’une mission, son Président M. Apollinaire Compaoré, que je salue, nous a invités. Il a entendu parler du COEBCI et il a voulu en savoir davantage. Nous avons eu une séance de travail avec lui et sa délégation. Nous leur avons expliqué notre démarche et pourquoi un Conseil des Opérateurs Economiques Burkinabè en Côte d’Ivoire. Il nous a félicités pour l’idée, la démarche, pour la qualité des membres de tous ceux qui ont accepté d’adhérer à cette association, au point où lui-même a dit que le patronat garde ses portes ouvertes. Si le COEBCI veut être membre du patronat, vous serez les bienvenus. Ça dit tout.

    Une délégation du COEBCI que vous avez conduite à Ouagadougou a été reçue par le Président du Faso, SEM Roch Marc Christian Kaboré. Que vous a-t-il dit ?

    Je dirais que ça a été un évènement majeur de l’existence du COEBCI. Nous avons été invités à l’occasion du Traité d’Amitié et de Coopération (TAC) qui se tenait à Ouaga. Nous sommes allés. C’était pour apporter notre contribution, notre expérience en tant qu’opérateurs économiques par le canal de la Chambre du Commerce. C’était le premier objectif. Le deuxième objectif était de présenter notre association à nos autorités. On n’en avait pas encore eu l’occasion. Nous avons commencé par les autorités coutumières, en l’occurrence par le Larlé Naaba qui nous a reçus toute une journée dans son ranch, je saisis cette occasion pour le saluer pour le travail gigantesque qu’il a abattu. Ce que nous avons vu, c’est vraiment impressionnant. Le Mogho Naaba nous a également reçus et nous a prodigués des conseils ; un certain nombre de Ministres aussi comme le ministre du Commerce et celui des Burkinabè de l’Extérieur. Puis, comme vous le soulignez, le Président du Faso a accepté de nous recevoir. Nous n’avons espéré autant. Ça nous a grandis, cette grandeur nous l’avons ressentie à travers les conseils qu’il a bien voulu nous donner. Je crois que ça en rajoute à notre crédibilité et au sérieux au travail que nous sommes en train d’essayer…..C’est pour moi l’occasion de remercier encore le Président du Faso, au nom de l’ensemble du Bureau.

    Nous sommes dans une vaste communauté. Quel est l’état de vos relations entre vous et les autres leaders d’associations ? Dieu seul sait comment il y’en a en Côte d’Ivoire !

    Vous le dites si bien, il y’a tellement d’associations au niveau de la communauté. Nous ne disons pas que nous sommes différents, mais nous avons notre idée et notre formule à proposer à la communauté. Cela peut se constater à travers la démarche, parce que il y’a eu d’abord l’idée qui tire son fondement du fait que la communauté est divisée en dépit de notre nombre. Donc, il faut que nous ayons un cadre d’échange d’abord au niveau des opérateurs économiques ; ensuite il faudra se référer à des gens qui ont une certaine expérience et dont nous avons la preuve qu’ils ont des opérateurs économiques avérés, qu’ils ont une certaine sagesse et une disponibilité à échanger avec les autres et avec le reste de la communauté. Nous sommes passés par là pour faire le tour et vendre l’idée. Puis nous avons élaboré les textes, parce qu’il faut bien que nous puissions mener nos activités dans un cadre légal. Textes que nous avons déposés auprès des autorités administratives de la Côte d’Ivoire. Nous avons reçu en retour un récépissé qui nous permet de fonctionner. A partir de ce moment, nous avons engagé un certain nombre d’activités. Nous nous sommes déportés à Yamoussoukro, où nous avons réuni des opérateurs économiques de toute la région pour leur expliquer l’idée. Il y’a eu une forte adhésion. Nous sommes revenus à Abidjan. Nous sommes passés par les Guides religieux, nous avons rencontré le Cheik Aziz Sarba, demander ses bénédictions et prières. Nous venons de rencontrer le Révérend père Emmanuel Zabsonré, Curé de la paroisse Notre Dame du Perpétuel Secours de Treichville, pour demander bénédictions et prières d’accompagnement. Et comme je vous le disais tout à l’heure, nous nous sommes présentés aux autorités, bien entendu, en passant par SEM. l’ambassadeur du Burkina Faso en Côte d’Ivoire et le Consul général qui nous accompagnent depuis que nous avons émis l’idée. Maintenant, quel genre de relations nous entretenons avec les associations ? Nous sommes ouverts. Elles sont au moins 2 ou 3 associations qui sont venues nous voir déjà demander une collaboration et un accompagnement même, pour que de temps en temps nous puissions venir à leurs côtés pour que nous puissions partager nos expériences. Nous sommes ouverts !

    Une dernière question, vous venez de présider une rencontre de conciliation et de réconciliation de deux compatriotes : Une tache qui aurait dû échoir à un des consulats, que vous avez pu avec beaucoup maestria mener pour parvenir à un point d’accord. Vous disiez à l’occasion que ‘’le COEBCI n’est pas créé pour des parades’’. Que vous voulez-vous faire comprendre par ces deux séquences évoquées ?

    Merci beaucoup. Travailler à réconcilier des frères, je crois que c’est l’un des fondements même, un maillon essentiel des objectifs même du COEBCI. Quand nous nous sommes retrouvés en Assemblée générale à Yamoussoukro, il y’a eu un cas presque similaire qui s’est présenté à nous. Deux frères de Bouaké qui, depuis deux ans, ne se parlaient plus et pourtant auparavant c’étaient de grands amis. Au cours de nos échanges, il y a un frère, je crois El Hadj Boukari Sawadogo qui a eu le courage de dire qu’il y’a un point qui ne concernait pas notre rencontre, mais, si vous permettez je vais l’évoquer. Je lui ai dit qu’il n’y avait aucun problème. Il dit il y’a deux frères qui sont opérateurs économiques mais qui depuis 2 ans ne se parlent pas, ne veulent pas se voir pour une histoire banale de véhicules. Je demande alors s’ils sont dans la salle. Il me répond ‘’oui ils sont dans la salle’’. Je leur demande de venir. Ils se sont présentés tous les deux ; j’ai demandé à certains membres du Bureau comme Issaka Sawadogo, Pathé’O, Kanazoé Mariam, il y’avait Kindo qui est mon Secrétaire général, Bonané, Ouédraogo Madi de Western Union, et je leur ai demandé, ensemble, s’ils sont d’accord pour qu’on demande pardon à ces deux frères là. Ils ont dit ‘’ok’’. Nous leur avons demandé pardon. J’ai dit si on pouvait même se mettre à genoux on allait le faire, mais comme ils sont des petits frères, nous n’allons mettre à genoux devant eux. On va vous demander pardon au nom de tous les doyens qui étaient là et de tous les membres du COEBCI présents. Ils se sont salués et se sont embrassés devant nous. Nous sommes sortis de là. Une semaine après, j’ai appelé pour vérifier. Ils disent ‘’Président nous ne pouvons pas prendre le risque de ne pas accepter ce pardon devant tous ceux qui étaient là, et d’ailleurs nous sommes entrain de déjeuner ensemble’’.
    Pour le dossier dont vous faites cas, celui des deux frères qui étaient là, les frères Kaboré qui résident à Méagui mais qui sont tous issus d’un même village de Zorgho, je dois dire que ça fait depuis 4 ans qu’ils ne se parlent pas. Nous avons eu une première séance de réconciliation qui a eu lieu de 15h jusqu’à22h, sans succès. Nous n’avons pas réussi à les réconcilier, ce jour-là. Mais, je n’ai pas abandonné le dossier. J’ai demandé à des personnes ressources de se rapprocher d’eux pour continuer la négociation, jusqu’à ce qu’ils acceptent de venir ce 21 décembre 2019 (NDLR date de l’interview) pour la séance de réconciliation. Voyez, l’homme doit être au centre de toutes nos activités. Tout ce que le COEBCI va faire quelle que soit l’activité, quel que soit le programme à déployer, ce doit être toujours au bénéfice des hommes. Tant que ça ne profite pas aux hommes, je pense que ce n’est pas la peine. Nous sommes des Opérateurs Economiques, chacun mène ses activités. Il ne s’agit pas de se réunir pour partager de l’argent, ou quoi que ce soit ou une activité qui n’apporte pas la paix, la cohésion, l’entente, la solidarité au sein de nos membres, de sorte que cela serve d’école à ceux qui nous regardent et à ceux qui sont incapables de s’asseoir ne serait-ce qu’une minute sans se faire la bagarre. Il faut qu’au sein de notre communauté, la mesquinerie si on ne peut pas l’éradiquer, qu’on arrive au moins à attirer l’attention des uns des autres sur le fait que nous sommes venus chercher, mais chercher dans la cohésion. Les autres communautés venues comme nous, cherchent dans la cohésion.

     

    Entretien réalisé par Diaspo24.info et IB de Hakiiqa